Espèces à statut

Espèces bénéficiant d'un statut règlementaire présentes en Limousin

Maculinea arion

Statut règlementaire

Arrêté du 23 avril 2007 : Article 2. / Convention de Berne : Annexe II. / Directive Habitats-Faune-Flore : Annexe IV.


Biologie - écologie

La chenille vit sur le Thym (Thymus serpyllum) et l’Origan (Origanum vulgare). Comme les autres espèces du sous-genre Maculinea, la chenille dépend de la présence d’une espèce de fourmi, Myrmica sabuleti, pour assurer sa pérennité. La chenille de cette espèce est connue pour son caractère cannibale. Après avoir dévoré les inflorescences de la plante-hôte, elle se laisse tomber au sol pour être prise en charge par la fourmi-hôte. Cette attraction résulte de substances gustatives et olfactives produites par des glandes spécialisées de la chenille. Ainsi adoptée, la chenille mangera les larves de fourmi en toute impunité et hivernera dans la fourmilière. Il est intéressant de remarquer que ces chenilles myrmécophiles produisent des sons visant à amadouer les fourmis. Le papillon émerge à la fin du printemps en une seule génération (juin à fin juillet). Les effectifs des populations sont souvent faibles. Le papillon butine les fleurs de Thym ou d’Origan. Son vol est plutôt rapide. Le papillon apprécie les pelouses et prairies sèches, les mésobromions, les bois clairs thermophiles. Ce caractère thermophile nécessite pour ce papillon des sites bien exposés. Il apprécie particulièrement les habitats sur substrats calcaires.


Répartition

Largement distribué de l’Espagne à travers l’Europe occidentale (réintroduit en Grande-Bretagne) et orientale jusqu’à la Russie et au Japon. L’espèce est en déclin au nord de l’Europe. Présent dans une grande partie de la France (les colonies restent souvent très dispersées). Absent du nord de la France, a disparu de la région parisienne. Plus abondant dans le sud du pays. Considéré en France comme vulnérable selon les statuts anciens de l’UICN (1990).

En Limousin, ses stations sont très dispersées et la situation est très disparate d’une zone à l’autre :

- dans le sud-ouest corrézien, cette espèce est encore assez bien répandue (environ une quinzaine de stations sur le Causse, les buttes témoins et les coteaux marneux). Statut dans le sud-ouest Corrézien : Rare (Statut de l’UICN, 1990).

- sur le plateau de Millevaches, coté Corrézien, elle est plus rare et semble en régression. En effet, cité du catalogue de Vignal & Vintéjoux (1986) sans aucune mention de station ou de rareté en Corrèze (seules les espèces les plus remarquables ou rares ayant ces mentions), on peut estimer à environ cinq le nombre de stations recensées depuis cette époque. Statut sur le plateau de Millevaches : Vulnérable (Statut de l’UICN, 1990).

- dans le reste de la région, elle est menacée selon les statuts de l’UICN (1990). Elle a disparu de Haute-Vienne (alentours de la tourbière des Dauges) dans les années 1980 et sa situation en Creuse reste préoccupante ; elle est citée de Creuse par Chazaud (1977) dans la région de St-Goussaud d’où elle a disparu ; des données du début du XXème siècle attestent de sa présence dans le nord de la Creuse (collection Alluaud) ; cette collection renferme des exemplaires provenant des environs de Guéret, de la Celle Dunoise et de Crozant ; toutes ces stations sont éteintes. La dernière station recensée en Creuse est celle de St-Martin-Château dans les années 1990. Actuellement nous n’avons pas retrouvé cette espèce en Creuse. Peut-être la prospection du plateau de Millevaches nous permettra de retrouver des populations. Statut (hors plateau et causse) : Menacé (Statut de l’UICN, 1990).

Globalement la situation de l’Azuré du Serpolet reste problématique ; l’étude de l’évolution des populations montre une nette régression des stations, notamment celles sur substrat acide. C’est l’un des papillons les plus menacés de la région, en excluant le sud-ouest corrézien.


Mesures conservatoires

Dans le sud-ouest corrézien, certaines pratiques agricoles, tel le pâturage itinérant par des ovins, sont favorables au maintien de M. arion. Le maintien de cette espèce semble favorisé par des pratiques tournantes, alternant pâturage et abandon sur quelques années (1 à 3 ans). L’abandon agricole et l’enfrichement sont défavorables à son habitat. Le débroussaillement peut donc s’avérer utile, mais sans être uniforme. Dans le reste de la région, la situation est très préoccupante. Le maintien de pelouses sèches à Thym avec une faible charge de pâturage est primordial. Ces pelouses sont trop souvent amendées, ensemencées, transformées en prairies grasses ou sont en voie de fermeture par colonisation d’espèces ligneuses.