Espèces à statut

Espèces bénéficiant d'un statut règlementaire présentes en Limousin

Lucanus cervus

Statut règlementaire

Convention de Berne : Annexe III. / Directive Habitats-Faune-Flore : Annexe II.


Biologie - écologie

La femelle pond une vingtaine d’œufs entre les mois de Juillet et Août. Les œufs sont déposés dans des souches en décomposition, sous des tas de bois mais généralement à l’interface sol-bois. Selon les conditions météorologiques, l’éclosion peut survenir au bout d’une quinzaine de jours et jusqu’à 4 semaines. La jeune larve de type « vers blancs » est très semblable à celle des Hannetons. La larve va se développer pendant 4 ou 5 ans. Au cours de la dernière année de vie de la larve, cette dernière construit une coque dure à l’intérieur de laquelle elle effectuera sa métamorphose. Cette coque se trouve dans le sol sous les tas de bois ou dans les souches décomposées. L’émergence des imagos (individus adultes) a lieu à la fin du printemps jusqu’au début de l’été. Les individus mâles et femelles émergent globalement à la même période. Après une phase de maturation sexuelle, les adultes s’accouplent fin juillet, début août. L’espèce est active principalement au coucher du soleil mais aussi en première partie de nuit. Les Lucanes se développent dans les souches en décomposition, sous les tas de bois, dans les cavités cariées d'arbres. Les larves creusent de rares galeries dans le bois en décomposition mais ne s’attaquent jamais aux arbres sains. Les galeries de larves de lucanes ne ressemblent en rien aux galeries de larves de Cerambycides qui ont une morphologie totalement différente. Ces dernières se déplacent par reptation et sont longiformes, à la différence des larves de Lucanes, qui sont de type « vers blancs », c’est à dire arquées, avec un abdomen volumineux, inapte au déplacement dans des galeries de bois vivant. Le Lucane se rencontre dans la quasi totalité des bois et forêts de feuillus de la région. Il affectionne principalement les bois de Chênes et de Châtaigniers, mais accepte d’autres essences de feuillus. Il se rencontre également dans les parcs et jardins urbains ou péri-urbains. L’espèce se trouve aussi dans le bocage dès l’instant où les haies comportent de vieux arbres. Il n’est pas rare de le trouver aussi sous les tas de bois stockés.


Répartition

Lucanus cervus a une répartition typiquement européenne, ce qui a sûrement joué en faveur de son inscription sur la liste des espèces de l’annexe II de la Directive. Cependant, l’espèce présente des statuts différents selon les régions européennes (Baraud - 1992). En Europe du Nord (Angleterre, Pays-Bas, Allemagne) jusqu’à la Loire, l’espèce est très rare et même en voie d’extinction dans certains secteurs. Au Sud de la Loire et jusqu’à une ligne allant du Nord de l’Espagne jusqu’en Albanie, l’espèce est commune, voire abondante par places, selon les années. L’espèce n’a jamais été signalée d’Afrique du Nord ni des îles européennes de l’Atlantique (Madère, Canaries, Açores). L’espèce est très commune partout dans la région. Elle est même parfois fréquente en ville où des vols simultanés de 5 ou 6 individus ont été vu en plein cœur de Limoges. Les localités de Lucane Cerf-volant sont très nombreuses en Limousin. Elles dépassent la centaine très probablement. L’espèce est bien représentée dans notre région, et bon nombre d’entomologistes ne notent pas la présence de cette espèce tellement elle est fréquente. Toutefois, cette fâcheuse habitude tend à disparaître.


Mesures conservatoires

Les mesures de gestion conservatoire concernant le Lucane seront bénéfiques à l'ensemble des insectes saproxyliques. La préservation des espèces, et plus particulièrement des insectes, repose avant tout sur la préservation des biotopes dans lesquels les espèces se reproduisent, s'alimentent et hivernent (Kirby - 1992). Les insectes forestiers de nos régions ne sont pas migrateurs, sauf rares cas pour quelques Lépidoptères. Ils effectuent la totalité de leur cycle de développement dans le peuplement qui les a vu naître. Les mesures de gestion que nous proposerons s'orienteront, d'une part vers le maintien des habitats favorables à l'espèce, et d’autre part vers la stabilité de ces habitats pendant une période compatible avec la durée de développement de l'espèce. Concernant la préservation des sites vitaux à l'espèce, il faut distinguer les sites de reproduction (vieilles souches, vieux arbres creux, arbres morts tombés au sol) et les sites d'hivernation. Généralement, il est établi que le maintien d'un site favorable par hectare soit un minimum (îlot de forêt âgée comprenant des arbres cariés, de vieilles souches en décomposition). Cet îlot d'une superficie avoisinant 1% de la surface boisée semblerait convenir au maintien des espèces saproxylophages si l’on arrive à doubler l'âge d'exploitation (Noblecourt, 1994). Concernant la stabilité des habitats, il faut rappeler que la totalité des espèces , sauf de très rares migrateurs, restent durant toute leur vie sur le secteur de leur naissance. Ainsi, même pendant les périodes hivernales, où rien ne semble vivre, les insectes sont présents à l'état d’œufs, larves, nymphes ou adultes hivernants. Ces différents états sont alors extrêmement sensibles aux dérangements causés par des travaux de dessouchage, d'élimination de bois mort. Ces travaux devront être réalisés de préférence en été. En effet, à cette période, les adultes ne sont plus en phase d'hivernation, ils peuvent alors se déplacer aisément en cas de dérangement. Les travaux de coupe devront se faire préférentiellement en automne et hiver, afin d'éviter la ponte des insectes dans le bois fraîchement coupé. .